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Burnout à distance: la face cachée du télétravail

Expérience collaborateur

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Auteur

Jérémy Mimoun

Dernière mise à jour

20 juin, 2025

Table of Contents

Quand le télétravail mène à l’isolement

La culture de la performance

Des RH en veille constante

De véritables solutions existent pour éviter le burnout à distance

Repenser l'architecture du travail distribué

L'impératif de la transformation organisationnelle

Points clés à retenir :
  • Le burnout à distance n'est pas un problème individuel mais un symptôme organisationnel : les entreprises qui multiplient les initiatives bien-être sans questionner leurs structures créent un "wellness washing" inefficace.
  • Le télétravail amplifie les dysfonctionnements préexistants : absence de limites structurelles, management par la pression, objectifs flous et performance mesurée à la réactivité plutôt qu'à l'impact.
  • La solution passe par une refonte architecturale du travail distribué : redéfinir la performance, professionnaliser le management à distance et créer des contraintes organisationnelles qui remplacent les garde-fous physiques du bureau.

Il y a encore quelques années, télétravailler, c’était le rêve. Aujourd’hui, c’est presque devenu la norme. Et parfois, un piège.

Depuis la crise sanitaire, le travail à distance a profondément transformé nos organisations. Vendu comme la promesse d’un meilleur équilibre vie pro - vie perso, d’une plus grande autonomie et d’une productivité décuplée, il a conquis le monde professionnel à grande échelle. En 2025, il est intégré dans la majorité des entreprises, souvent plébiscité par les salariés, du moins en apparence.

Mais derrière cette image idéale, et après avoir accompagné des centaines d'entreprises dans leur transition vers le travail distribué, je constate que la majorité des initiatives « bien-être » passent à côté de l'essentiel. En effet, la réalité est plus trouble : des équipes qui s’éloignent, des salariés qui « tiennent bon » mais s’isolent, et des signaux d’alerte qui passent sous les radars.

Le burnout à distance existe, et il est souvent plus difficile à détecter que celui qui se manifeste dans un bureau. Pour donner quelques chiffres, en Amérique du Nord, 29 % des télétravailleurs déclaraient en 2020 se sentir souvent en burnout, contre 18 % un an plus tôt (source : Gallup). En France, près de 2,6 millions de salariés auraient connu un burnout « sévère » en 2021, selon Empreinte Humaine et Opinion Way — soit presque trois fois plus qu’en 2020.

Le télétravail a révélé une vérité inconfortable : nous avons déplacé nos dysfonctionnements organisationnels du bureau vers le domicile, sans pour autant les résoudre. Pire encore, nous les avons amplifiés.

Ainsi, le télétravail ne protège pas mécaniquement de l’épuisement. Il peut même l’aggraver, quand il s’installe dans une organisation mal préparée, sans culture managériale adaptée. Pourtant, le débat reste trop souvent limité à des messages de sensibilisation : une semaine de la QVT, quelques visuels LinkedIn ou un numéro d’écoute bien visible sur l’intranet, par exemple.

Chez Deel, en accompagnant des centaines d’entreprises qui se développent à l’international, nous connaissons bien les défis liés aux équipes à distance, tant en matière de santé mentale que de problèmes structurels. Voici quelques pistes à surveiller pour lutter contre le burnout à distance, en particulier dans les entreprises à l’international.

Quand le télétravail mène à l’isolement

Le télétravail a créé ce que j'appelle « l'épuisement invisible ». En apparence, tout va bien. Les visioconférences s’enchaînent. Les projets avancent. Les échanges sur Slack sont ponctués de GIF et de « ça marche pour moi ». Mais derrière l’écran, un autre récit peut se jouer, plus silencieux : celui de collaborateurs qui se sentent seuls, déconnectés, voire invisibles.

Le télétravail offre plus de liberté, mais masque les signaux d’alerte. Plus de pauses café pauses café ou des pauses déjeuner où l’on partageait un doute, un ras-le-bol ou une réussite avec nos collègues. En bref, une part non négligeable du lien social a disparu et le collaborateur en détresse devient un expert dans l’art de paraître connecté tout en s’éteignant progressivement.

Le plus paradoxal ? À distance, on se sent parfois obligé d’en faire plus. Répondre plus vite, être toujours disponible, montrer qu’on est « bien là », même quand cela ne va pas fort. Cette hyperconnexion, alimentée par la peur d’être oublié ou jugé improductif, renforce un sentiment de fatigue chronique. Et l’épuisement émotionnel s’installe sans bruit.

Résultat : les signaux faibles passent inaperçus. Le collègue qui parlait beaucoup devient laconique ? Il a peut-être juste « moins de réseau ». Celle qui participait aux réunions sans webcam ? Peut-être une simple panne. Ou une lente déconnexion mentale. Cette invisibilité n'est pas un bug du système - c'est une feature. Elle permet à certaines organisations de maintenir leurs exigences de performance sans voir les dégâts collatéraux.

Dans ce contexte, l’isolement ne se manifeste pas toujours par une absence. Il peut prendre la forme d’une présence passive, d’un salarié qui répond à tout, mais partage de moins en moins.

La culture de la performance

Le véritable problème du télétravail n'est pas technique - il est architectural. Nous avons reproduit à distance les mêmes structures hiérarchiques, les mêmes process, les mêmes indicateurs de performance, sans comprendre que le contexte avait fondamentalement changé.

Le télétravail a bouleversé nos repères. Il a permis à beaucoup de collaborateurs de gagner en autonomie, en flexibilité, en confort de vie. Mais il a aussi créé une zone grise : quand la journée de travail commence-t-elle vraiment ? Et quand s’arrête-t-elle ? Dans un bureau, les limites sont physiques et sociales. À 18h, on éteint les lumières. Le weekend, l'immeuble se vide. Ces contraintes externes créaient naturellement des espaces de déconnexion. Le télétravail a supprimé ces garde-fous sans les remplacer par des équivalents structurels.

Je constate que sans cadre clair, nous avons créé des organisations "always-on" par défaut, où la performance se mesure à la réactivité plutôt qu'à l'impact. Où être visible signifie être disponible en permanence. Où l'absence de réponse immédiate devient suspecte.

Sans les moments d’échanges en présentiel, les collaborateurs peuvent se demander s’ils sont toujours « visibles », s’ils font « assez », s’ils sont « à la hauteur ». Et pour compenser ce doute, beaucoup s’investissent jusqu’à l’épuisement.

Cette dynamique révèle un problème de management fondamental : nous n'avons pas appris à piloter la performance à distance autrement que par la pression et le contrôle indirect. Les objectifs restent flous, les priorités changent constamment, les feedbacks sont rares et superficiels.

Le télétravail a ainsi créé une nouvelle forme de management toxique : celui qui délègue la responsabilité de la performance sans donner les moyens de l'atteindre sainement.

Le travail à distance exige donc une redéfinition explicite des attentes : sur les objectifs, les horaires, la disponibilité, le droit à la déconnexion, les rituels de feedback, etc. Deel accompagne les entreprises dans cette démarche en fournissant des outils concrets pour structurer le travail à distance, quel que soit le pays ou le fuseau horaire. Suivi des objectifs, gestion des congés, politique de déconnexion, feedbacks réguliers, rituels d’équipe : tout peut être centralisé et personnalisé pour donner des repères clairs à chaque collaborateur.

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Des RH en veille constante

Les responsables RH sont en première ligne pour accompagner les collaborateurs à distance. Mais ils manquent souvent de visibilité, de moyens, ou simplement de temps pour agir efficacement sur la santé mentale. Comment améliorer l’expérience de télétravail dans une organisation distribuée ?

À distance, les signaux d’alerte sont plus discrets, plus diffus. Il n’y a plus de collègue pour souffler à la pause que « Delphine n’a pas l’air dans son assiette », plus de manager qui capte une fatigue dans le regard. Les outils classiques de prévention ne suffisent peut-être plus.

Par ailleurs, les managers ne sont pas toujours formés à repérer les signes de mal-être psychologique, encore moins lorsqu’ils ne voient leurs équipes qu’en visio. L’écoute reste souvent individuelle, informelle, et trop rarement intégrée dans une politique structurée.

On se rend alors compte que la santé mentale se construit (ou se détériore) dans un cadre collectif. Elle dépend des process, de la charge de travail, des rythmes, de la reconnaissance, des marges de manœuvre.

Avec Deel, les RH et les managers disposent de données centralisées, d’outils de suivi et de routines bien-être pensées pour les équipes hybrides ou à distance. Suivi des congés, entretiens individuels réguliers, feedbacks 360 structurés, indicateurs de charge ou de performance : tout est pensé pour donner aux RH une lecture claire de la dynamique d’équipe, et cela, même dans un contexte international.

De véritables solutions existent pour éviter le burnout à distance

Face à ces enjeux, la plupart des entreprises optent pour des réponses de surface. Une semaine du « bien-être » par-ci, un webinaire sur la gestion du stress par-là, une application de méditation offerte aux collaborateurs. Ces initiatives, bien qu'animées de bonnes intentions, évitent soigneusement de questionner les causes structurelles de l'épuisement. C'est ce que j'appelle le "wellness washing" : donner l'impression de prendre soin des équipes sans remettre en cause les mécanismes organisationnels qui créent le mal-être. Une stratégie qui permet de déplacer la responsabilité sur l'individu : Nous vous donnons les outils, à vous de gérer votre stress.

Il me semble que face aux risques du burnout à distance, les messages de sensibilisation ne suffisent plus. Ce qu’il faut, ce sont des changements concrets dans l’organisation du travail. Des gestes simples, mais structurels. Des décisions assumées, qui envoient un signal clair : ici, la santé mentale est une priorité opérationnelle.

Repenser l'architecture du travail distribué

La solution ne réside pas dans un retour au bureau, mais dans une refonte profonde de nos modèles organisationnels. Cela implique des changements structurels concrets :

  • Organiser la déconnexion : créer des contraintes organisationnelles qui remplacent les limites physiques du bureau. Plages horaires sans réunion, limitation des communications asynchrones, journées off-limite pour les urgences non critiques.
  • Redéfinir la performance : passer d'une logique de présence à une logique d'impact. Mesurer les résultats plutôt que les heures. Clarifier les attentes et donner des objectifs réalistes et temporellement définis.
  • Professionnaliser le management à distance : former les managers à détecter les signaux faibles, à créer des espaces de parole sécurisés, à animer des équipes distribuées sans tomber dans le micro-management ou l'abandon.
  • Outiller les équipes RH avec des données concrètes : doter les équipes RH d'indicateurs pertinents et d'outils intégrés pour suivre la santé organisationnelle en temps réel, pas seulement les métriques de productivité.

L'impératif de la transformation organisationnelle

Chez Deel, nous accompagnons plus de 35 000 entreprises dans cette transformation. Notre expérience nous a appris qu'une organisation distribuée saine ne s'improvise pas - elle se conçoit. Elle nécessite des process repensés, des outils adaptés, une culture managériale réinventée.

Ce n'est pas une question de technologie, mais de design organisationnel. Il faut créer les conditions structurelles d'un travail distribué soutenable, où l'autonomie ne rime pas avec isolement, où la performance ne se fait pas au détriment de l'équilibre, où la flexibilité ne devient pas une prison dorée.

Le télétravail n'est pas intrinsèquement toxique. Mais il révèle et amplifie les dysfonctionnements organisationnels existants. À nous de saisir cette opportunité pour construire des organisations plus humaines, plus durables, plus performantes.

C’est précisément ce que nous proposons chez Deel. Grâce à notre plateforme tout-en-un, les entreprises peuvent structurer une culture du travail à distance plus saine, avec :

  • des systèmes équilibrés de suivi de performance ;
  • des politiques RH adaptées localement ;
  • des fonctionnalités pensées pour le bien-être (suivi des congés, feedbacks réguliers, onboarding humain) ;
  • une centralisation intelligente de l’information, pour que tout le monde avance avec les mêmes repères.

C’est la solution dont vous avez besoin ? Explorez toutes nos ressources sur la gestion de la paie, RH et conformité pour les équipes internationales ou réservez une démo pour voir comment notre solution peut s’adapter à votre entreprise dès aujourd’hui.

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Jérémy Mimoun est le Country Leader de Deel en France. Avec plus de 20 d'expérience en tant que Directeur Commercial, il a su développer et structurer des équipes de vente et de développement commercial à travers toute l'Europe, et en particuler dans l'industrie technologique. Avant de rejoindre Deel, Jérémy a créer et développé plusieurs entreprises avec succès, et a contribué à l'expansion commerciale au sein de grandes sociétés telles que Adobe et Salesforce. Leader naturel, il est animé par une passion pour l'excellence commerciale, l'entrepreneuriat et le développement des talents.

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